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Le livre et la théière
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18 février 2014

Kazantzakis

Zorba-the-Greek1

Il était dans les yeux des pêcheurs sur le port mais aussi la démarche des hommes qui dès l’aube traînaient dans la rue pour bavarder un peu gaiement en attendant que quelqu’un les rappelle au chantier. Je l’ai croisé aussi sur des visages de femmes : des sourires gouailleurs, des rides autour des yeux. Il était dans la voix de la voisine du premier, quand son na’ste kala ! résonnait dans la rue, ou bien lorsque soudain elle me prenait à part pour quelque commérage murmuré à l’oreille.

On le voyait le soir dans le bar minuscule près de l’ancien marché : les hommes s’y retrouvaient pour partager un ouzo et puis quelques mezes en racontant leur journée. Lui buvait du raki et ne parlait presque pas. Mais dans ses petits yeux, il y avait tant d’histoires !

Il était dans les sons, la rumeur de la ville, les sirènes des paquebots et les cris des marins. Et dès qu’on entendait le chant du bouzouki s’échapper d’une porte ou de quelque taverne, on le voyait danser, pieds nus, chemise ouverte. Son vieux corps indolent se redressait soudain et devenait élastique, robuste, plein d’entrain.

A la tombée de la nuit, quand je reprenais mon livre, je sentais son haleine me brûler les épaules. Et souvent j’entendais une voix un peu rauque :

– Jusqu’à quand ? me demanda-t-il, souriant, ironique.
– Quoi : jusqu’à quand ?
– … Continueras-tu à mâchonner du papier et à te barbouiller d’encre ?

Alexis Zorba

zorba1

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